FEMMES DU MONDE ET RECIPROQUEMENT

Chronique Femmes du Monde : Israéliennes, Palestiniennes, Libanaises : une même douleur

Des femmes défilant dans une rue au Moyen-Orient. Image générée par IA

Article publié pour la première fois dans 50/50 magazine le 17 octobre 2024 Comme Sabra et Chatila en septembre 1982 et les milliers de réfugié·es palestinien·nes massacré·es en trois jours au Liban, le 7 octobre 2023 restera gravé dans nos mémoires comme l’un des jours les plus sombres du conflit sans fin israélo-palestinien et ses ramifications. C’était il y a un an, le Hamas perpétrait un massacre sans précédent en Israël faisant en quelques heures 1200 mort·es, 7500 blessé·es et 240 otages dont près de 100 ne sont toujours pas revenus à l’heure où nous écrivons. Deux enfants en font partie. Ils s’appellent Kfir et Ariel et avaient 9 mois et quatre ans quand ils ont été enlevés avec leurs parents du kibboutz Nir Oz, il y a un an. On ne sait pas s’ils sont toujours vivants. Des violences sexuelles et sexospécifiques d’une brutalité indicible ont été rapportées, outre des viols et des tortures. Les femmes juives de France et d’ailleurs ont été doublement blessées car après ce jour d’horreur, elles n’ont pas ressenti une grande solidarité, notamment des féministes dont elles attendaient plus de sororité, face aux violences subies par les Israéliennes. Je le dis haut et fort et je le répète : les Israéliennes ont payé cher cette guerre des hommes. Ne les oublions pas. Dès le lendemain, 8 octobre, le gouvernement israélien entamait à Gaza des représailles sanglantes, qui n’allaient plus s’arrêter et continuent jusqu’à ce jour, faisant plus de 42 000 mort·es – dont 11 000 enfants inclus 700 bébés -, 95 000 blessé·es et deux millions de Palestinien·nes déplacé·es, soit 80% d’une population gazaouie de 2,4 millions d’habitant·es. L’équivalent ou presque de la population parisienne qu’on évacuerait en urgence d’un bout à l’autre de la capitale, dans un sens puis dans l’autre. A Gaza, elles/ils ont été déplacé·es cinq, six, sept fois. Aujourd’hui, le gouvernement israélien restreint drastiquement l’accès du territoire à l’aide alimentaire et sanitaire, et interdit l’entrée dans Gaza de la presse et des media internationaux, ou des observateurs étrangers, de sorte que ce qui s’y passe est plus difficile qu’ailleurs à documenter. Ne nous y trompons pas. Comme dans tous les conflits actuels, 90% des victimes sont civiles et les deux-tiers sont des femmes et des enfants. Pas des combattants. Pourtant elles subissent à Gaza une des plus grandes catastrophes humanitaires de la planète et survivent dans des conditions alimentaires, sanitaires et sociales indignes du droit humanitaire international. Tsahal annonce avoir tué 17 000 membres du Hamas, qu’elle veut éradiquer. Est-ce à dire que, si l’on en croit ce chiffre, sur 42 000 mort.es, elle a tué 25 000 innocent·es pour rien ? Les deux tiers des infrastructures ont été détruites à Gaza par des attaques aériennes, maritimes et terrestres de l’armée israélienne et le blocus imposé par l’Etat hébreu finit d’y rendre la vie quotidienne « invivable » : pas d’eau, pas d’électricité, les 163 000 bâtiments de ce territoire sont devenus pour deux-tiers un champ de ruine, les zones humanitaires sont de plus en plus réduites avec les incessants ordres d’évacuation. 90% de la population vit désormais sur 40% de ce territoire d’à peine 365 kilomètres carrés, sous des abris de fortune (pas assez de tentes) au gré des déplacements forcés et de l’impossibilité où sont les Gazaoui·es de s’échapper hors de cette petite langue de terre en plein chaos, coincée entre la mer d’un côté et Israël de l’autre. La famine gronde : 83% de l’aide alimentaire indispensable à la survie de la population n’accède pas à Gaza, les habitant·es ne prennent en moyenne qu’un repas tous les deux jours et 50 000 enfants de moins de cinq ans auront besoin de traitement contre la malnutrition avant fin 2024. Et quand le gouvernement israélien laisse parvenir de trop rares ravitaillements, c’est le Hamas qui décide à qui les distribuer, pas forcément aux personnes qui en ont le plus besoin, dit-on. Le système de santé est démantelé avec plus de 60% des hôpitaux bombardés et hors service : 17 sur 36 fonctionnent partiellement seulement, la moitié des réserves de sang nécessaire aux soins vitaux et 65% de l’insuline ne sont pas accessibles ; les amputations de guerre disproportionnément nombreuses selon les témoignages, se font souvent, faute de produit et matériel, sans anesthésie des blessé·es – enfants compris – ; Gaza fait face à la résurgence de maladies disparues depuis 25 ans comme la poliomyélite. Avec la pénurie des produits d’hygiène comme le savon ou les couches, les Palestiniennes n’ont pas non plus accès aux protections menstruelles. Vivant dans des zones surpeuplées « avec dans certains endroits seulement une douche pour 700 personnes et une toilette pour 150 personnes » précise l’ONG Action Aid, elles n’ont pas d’intimité et doivent parfois attendre plusieurs semaines pour pouvoir se laver. Outre l’humiliation d’être obligées de garder leurs robes tachées du sang des règles et d’être sales, elles développent des infections génitales et urinaires et des allergies nouvelles. Selon l’UNICEF, cette précarité menstruelle ajoutée aux bombardements incessants et au bruit des détonations jour et nuit exacerbe les problèmes de santé mentale. Le système d’éducation est anéanti : 477 des 564 écoles de Gaza ont été rasées. C’est autant de filles et de garçons privés de ce droit fondamental. On sait que lors des conflits ou des crises et après, à cause du temps long de la reconstruction, du traumatisme, de la pauvreté et de la vulnérabilité accrues des familles survivantes, les filles sont davantage déscolarisées que les garçons. Elles deviendront plus facilement soutien domestique de la famille, subiront mariage et grossesses précoces, perdront leurs chances d’autonomisation. Ce sont des années et des années de recul des droits des petites palestiniennes qui s’annoncent, sur une terre dévastée par cette guerre et, faut-il le rappeler, régie par la charia qui ne promeut pas l’égalité entre les femmes et les hommes. Le patrimoine culturel multiséculaire de Gaza est ravagé par un an de bombardements. La majorité des mosquées et des centres de culte, la plupart des édifices culturels, … Lire la suite

Chronique Femmes du Monde : Palestiniennes et Palestiniens dans l’enfer de Gaza 2/2

Petite fille palestinienne sur un champ de ruines. Image générée par IA

Article publié la première fois dans 50/50 magazine le 12 juin 2025 La communauté internationale et les enjeux géopolitiques Devant une population palestinienne à l’agonie, dont le massacre continue de se dérouler sous nos yeux désormais quasiment en direct, de plus en plus de voix s’élèvent à travers le monde pour appeler à un réveil des consciences et à une réaction urgente de la communauté internationale. ONG humanitaires, Israélien·nes, artistes internationaux, écrivain·es, Juifs et Juives de la ‘diaspora’, mouvements citoyens exigent avec plus ou moins d’écho médiatique un cessez-le-feu immédiat, qui permettrait un répit pour les civil·es exténué·es et la libération des dernier·es otages israélien·nes survivant·es. Une guerre asymétrique Sur le terrain, Israël représente la quinzième puissance militaire du monde et la deuxième du Proche-Orient, avec une technologie civile et militaire de pointe et des services de sécurité intérieure et extérieure classés parmi les plus aguerris. Le pays, en conflit depuis sa création en 1948, consacre 4,5% de son PIB à son armement. Le Hamas, qui gouverne de facto la bande de Gaza dont il s’est emparé par la force au terme d’affrontements meurtriers avec le Fatah en 2007, « ne fait pas le poids ». Même si ses brigades se sont peu à peu transformées en force militaire plus traditionnelle et si, outre un armement probablement fourni par l’Iran et le Hezbollah libanais, sa capacité de production d’armes augmente, il ne dispose au final que de 20 000 à 25 000 hommes face aux 173 000 soldats en activité et 465 000 réservistes d’Israël. Dans cette guerre asymétrique, c’est la population civile palestinienne qui paie de sa vie. Des Etats divergents Du côté des Etats, géopolitique et géo-économie font souvent la paire. Les discours se montrent de plus en plus indignés, mais des armes continuent d’être envoyées à Israël par ses principaux fournisseurs : en premier et principalement les Etats-Unis d’Amérique, puis l’Allemagne, mais aussi la France et quelques autres pays européens sous forme, non d’armes létales, mais de produits à «double usage», c’est-à-dire utilisables à des fins civiles ou militaires, comme les pièces détachées pour fusils mitrailleurs que les dockers de Fos-sur-Mer ont refusé de charger à destination d’Israël début juin. Pour mémoire, comme 113 autres pays dont tous ceux de l’Union européenne, la France a ratifié le traité sur le commerce des armes interdisant à un Etat de vendre des armes s’il a connaissance « que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l’humanité, des violations graves des conventions de Genève de 1949, des attaques contre des civils (…) ou d’autres crimes de guerre». Aujourd’hui, qui oserait encore prétendre qu’il n’y a pas crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide ? D’autres Etats exportateurs ont, eux, suspendu leur vente d’armes à Israël. C’est le cas de l’Espagne, de l’Italie, de la Belgique, des Pays-Bas, du Canada ou du Japon. Plus largement, ce qu’on appelle le Sud global, l’ensemble géopolitique des pays non alignés sur une puissance occidentale, a manifesté son indignation face à ce qui se passe à Gaza. L’Afrique du Sud a déposé plainte pour génocide contre Israël devant la Cour internationale de Justice, dès le 29 décembre 2023. Depuis, quatorze pays incluant plusieurs européens ont décidé de se joindre à sa plainte : la Belgique, l’Irlande, l’Espagne, la Bolivie, le Nicaragua, la Colombie, le Mexique, la Libye, la Palestine, l’Egypte, la Türkiye, le Chili, les Maldives et le Bélize. La France a annoncé vouloir reconnaître l’Etat de Palestine en ce mois de juin, rejoignant ainsi les 148 pays l’ayant déjà reconnu, soit les trois quarts des 193 Etats membres de l’ONU, mais aucun du G7. Elle serait ainsi la première de ce groupe censé rassembler les plus grandes puissances de la planète qui détient à lui seul 45% de la richesse nette globale. Cette reconnaissance peut contribuer à changer la donne géopolitique et donner un petit espoir que ce massacre cesse. Mais quand ? L’impuissance multilatérale Les organisations multilatérales s’émeuvent mais restent impuissantes. L’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) dénonce la situation humanitaire à Gaza : « Le massacre qui se déroule actuellement [est une] immense tragédie causée par l’homme et pour l’humanité tout entière, car nous la laissons se dérouler sous nos yeux sans intervenir ». Le Conseil de l’Europe considère que les attaques de l’armée israélienne dans la bande de Gaza « vont dans le sens d’un nettoyage ethnique et d’un génocide ». Même le chancelier allemand, Friedrich Merz, avoue en parlant d’Israël : « je ne vois pas quel est son objectif en affectant la population civile de la sorte», alors que Berlin était jusque-là un des plus solides alliés d’Israël. Enfin, la Commission européenne par la bouche de sa présidente, Ursula von der Leyen, dénonce : «L’intensification des opérations militaires d’Israël à Gaza, visant des infrastructures civiles (…), et tue des civils y compris des enfants, est odieuse». La seule question qui se pose à présent pour l’Europe, au-delà des déclarations, c’est de savoir si une majorité de pays de l’UE décidera d’agir contre la politique sanguinaire de B. Nethanyahu parce que «Trop, c’est trop» comme l’a martelé Ehud Olmert, ancien Premier ministre israélien, qui n’a pas de mots assez durs pour qualifier les agissements de son successeur actuel. Pour l’ONU, on ne peut nier les efforts convaincus et constants d’Antonio Guterres, son secrétaire général, pour exhorter à une trêve humanitaire urgente en clamant : «Gaza est un champ de mort et les civils sont pris dans une boucle mortelle sans fin.» Rien n’y fait, les Nations Unies seront impuissantes à impulser une dynamique d’action, aussi longtemps qu’au Conseil de Sécurité les Etats-Unis refuseront de voter un cessez-le-feu immédiat et définitif. Une société civile peu audible La société civile internationale a diversement réagi. Les ONG traditionnelles n’ont cessé d’alerter sur la catastrophe humanitaire de Gaza dès le début et jusqu’à présent. Les mouvements citoyens se sont manifestés rapidement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord mais peu aux Etats-Unis et en Europe. Et en France, le pays qui rassemble les deux plus importantes communautés juive et arabo-musulmane d’Europe, même si de nombreux appels à manifester ont eu lieu, on n’a pas … Lire la suite

Chronique Femmes du Monde : Palestiniennes et Palestiniens dans l’enfer de Gaza 1/2

Un enfant palestinien sur un champ de ruines

Article publié la première fois dans 50/50 magazine le 5 juin 2025 Gaza : plus d’enfants tué·es en dix-huit mois qu’en quatre ans de guerres dans le monde entier Encore combien d’enfants devront-elles/ils mourir à Gaza, avant que la communauté internationale s’interpose ? 15 000 enfants et bébés de Gaza sont déjà mort·es depuis le 8 octobre 2023 sous les bombes, par balles, sous les gravats des bâtiments écroulés. C’est plus que le nombre d’enfants tué·es en quatre ans de guerres dans le monde entier… L’ONU alerte sur le risque imminent que 14 000 autres enfants meurent de faim et faute de soins à cause de la destruction méthodique des infrastructures et du blocus alimentaire et sanitaire imposé par M. Benjamin Netanyahou, Chef du gouvernement israélien sous mandat d’arrêt international depuis le 21 novembre 2024, inculpé par la Cour Pénale Internationale (CPI) pour « crime de guerre de famine comme méthode de guerre ; crimes contre l’humanité de meurtre, persécution et autres actes inhumains », avec M. Yoav Gallant son ancien ministre de la Défense, comme « supérieurs civils pour le crime de guerre consistant à diriger intentionnellement une attaque contre la population civile ». Depuis, Gaza, cette petite langue de terre de 360 kilomètres carrés à la densité de population la plus forte au monde, n’est plus qu’un champ de ruines. Plus de 54 600 Palestiniens et Palestiniennes sont mort·es entre le 8 octobre 2023 et aujourd’hui : 70% sont des femmes et des enfants. Plus de deux millions de personnes sont «en danger de mort imminente» selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 125 000 sont blessé·es et 100% de la population gazaouie est menacée de famine, selon l’ONU. Il y a donc urgence. De fait, les bombardements massifs s’abattent en continu sur des zones extrêmement peuplées, y compris les camps de réfugié·es, les hôpitaux, les écoles et les infrastructures essentielles. 94% des hôpitaux sont endommagés ou détruits. Les terres agricoles ont été ravagées et sont inutilisables à 95% (FAO). Selon plusieurs ONG dont Oxfam : «Israël utilise l’eau comme arme de guerre, à l’heure où l’approvisionnement de Gaza s’effondre de 94%, provoquant une catastrophe sanitaire mortelle». L’eau disponible correspond à moins de cinq litres par jour et par personne, l’équivalent de « moins d’une seule chasse d’eau» selon l’organisation. 95% des écoles ont été détruites. Adèle Khodr, la directrice de l’UNICEF pour la région, déclarait récemment : « Les enfants de la bande de Gaza ont perdu leur maison, les membres de leur famille, leurs amis, leur sécurité et leur vie quotidienne. Ils ont également perdu le lieu de refuge et de stimulation que leur offrait l’école, ce qui fait que leur avenir prometteur risque d’être assombri par ce conflit épouvantable». Derrière les chiffres, les mots et les récits nationaux, celui d’Israël, celui de la Palestine, «qui de la poule ou de l’oeuf…», derrière les théories et les théocraties, Il y a des humains : des hommes, des femmes, beaucoup de femmes, et des enfants, surtout des enfants, de manière disproportionnée. Des images des Gazaoui·es nous arrivent au compte-goutte, la presse internationale étant interdite d’accès à Gaza par l’Etat hébreu. Elles nous montrent des villes réduites à néant, des enfants affamé·es et dénutri·es, des milliers de personnes déplacées au gré des ordres d’évacuation d’Israël, vers le Sud, puis vers l’Est, puis de nouveau vers le Nord. L’ONU indique que 90% de la population totale ont subi plusieurs déplacements, plus d’une dizaine souvent, sur des routes dévastées et poussiéreuses, sous les bombardements incessants, sans possibilité de fuir dans cette enclave infernale, d’un camp de refugié·es à un abri de fortune : hommes, femmes, enfants, personnes âgées, valides, invalides. L’agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNRWA) indique que Gaza compte le plus grand nombre d’enfants amputé·es par habitant·e au monde. Le matériel médical et les médicaments étant soumis au même blocus que l’eau, le gaz et la nourriture, il n’est pas rare que les amputations des adultes comme des enfants soient réalisées sans anesthésie. Kfir, Ariel, Ayssel, Asser, Jubran, Eve, Sidra et les autres… rien que des enfants Dans une précédente chronique du 17-10-2024, j’avais parlé de Kfir et Ariel, ces deux jeunes enfants israéliens de quatre ans et 9 mois, pris en otage avec leurs parents le 7 octobre 2023 par le Hamas. On ne les savait pas encore morts en captivité avec leur mère. Leurs photos avaient fait la Une des media et le sort de ces deux petits innocents nous avaient révolté·es, avaient révolté le monde. Aujourd’hui, on commence aussi à mettre des noms sur les petits cadavres gazaouis, qui n’étaient jusque-là que des chiffres déshumanisés pour l’Occident. On ne peut pas tous les citer, ils sont 15 000… Mais on peut, au moins, leur consacrer quelques lignes en rappelant deux tragédies parmi tant d’autres, tout au long de ce «massacre des innocents», qui dépasse désormais très largement l’objectif affiché d’éradiquer le Hamas dont les principaux chefs ont été tués – Ismaël Haniyeh, Yahya Sinouar et Mohammed Deif – selon Tsahal, l’armée israélienne elle-même. Mardi 13 août 2024. Un jeune père de famille marié depuis un an, revient fièrement chez lui avec les certificats de naissance de ses jumeaux récupérés à la commune. Il n’a pas le temps de revoir ses bébés. Dans l’intervalle, sa maison a été bombardée, sa femme Joumana Arafa et ses enfants, Asser et Ayssel, ont été tuées, ainsi que leur grand-mère. Les nourrissons, un garçon et une fille, avaient trois jours. Jusqu’à son septième mois de grossesse, Joumana, pharmacienne de 28 ans, avait aidé bénévolement à gérer le flux des blessé·es et des malades privé·es de médicaments, dans l’un des rares hôpitaux qui fonctionnaient encore partiellement à Gaza. Vendredi 23 mai 2025. Alaa Al-Najar, pédiatre palestinienne, venait de prendre son tour de garde à l’hôpital Nasser dans le sud de Gaza. Elle a vu arriver les dépouilles calcinées de neuf de ses dix enfants, tués par une frappe israélienne sur leur maison à Khan Younès. Elles/ils s’appelaient Yahya 12 ans, Rakan 10 ans, Eve 9 ans, Ruslan 7 ans, Jubran 7 ans, Revan 5 ans, Sayden 3 ans, Luqman 18 mois et Sidra 7 mois. Seuls survivants le père, médecin lui aussi, et un enfant, … Lire la suite

#013 – Abier EL MASRI

Portrait d'Abier El Masri

Première publication le 05/04/2024 La Palestinienne Abier El Masri travaille pour l’organisation internationale Human Rights Watch et milite activement pour les droits humains et les droits des femmes en Palestine et ailleurs dans le monde. Abier El Masri se confie sur les restrictions qui pèsent au quotidien sur l’ensemble de la population à Gaza depuis longtemps, mais également, et surtout, sur les doubles restrictions subies par les femmes, victimes de surcroît de lois discriminatoires. Se définissant elle-même comme «passionnée» par la défense des droits humains, Abier El Masri nous parle de son enfance à Gaza, de ses difficultés à pouvoir faire carrière, de la situation à Gaza où elle espère retourner pour retrouver sa famille qui l’attend. Elle rappelle l’importance de croire en soi et l’importance d’être libre de ses mouvements pour disposer de son corps et décider de son avenir. Ce podcast a été enregistré avant le 7 octobre 2023 et le conflit actuel Israël-Palestine qui a fait des dizaines de milliers de mort•es. Au moment de la mise en ligne de cet épisode, nous sommes sans nouvelles d’Abier. Ecouter