FEMMES DU MONDE ET RECIPROQUEMENT

#024 – Vanja PAVLOVIC

Portrait de Vanja PAVLOVIC

Première publication le 01/11/2024 La Bosnienne Vanja Pavlovic est avocate spécialisée en défense criminelle et en droits humains.  Elle consacre sa carrière à lutter juridiquement contre les violences basées sur le genre dans un pays où la prise en charge des victimes est insuffisante et où les institutions peinent à protéger efficacement les femmes.  De plus, elle rappelle que les auteurs restent souvent impunis et que peu d’hommes s’impliquent dans la cause féministe. Ne perdant jamais espoir, l’avocate considère les femmes comme les mieux placées pour faire changer les choses ! À travers son engagement, Vanja Pavlovic témoigne aussi des cicatrices encore visibles de la guerre civile en ex-Yougoslavie, qui a profondément marqué la société et les individu.es Ecouter

#023 – Fatma X

Portrait Fatma X

Première publication le 18/10/2024 L’Egyptienne Fatma, dont nous ne dévoilerons pas le nom pour des raisons de sécurité, est défenseuse des droits humains et directrice d’une association pour la liberté d’expression dans son pays.  La militante nous dévoile les défis auxquels les femmes égyptiennes font face au quotidien, tant sur le plan social que législatif. Elle aborde également son projet : « La voix des femmes », visant à transformer les statistiques des violences faites aux femmes en histoires percutantes pour sensibiliser l’opinion publique.  Au cœur de l’épisode, Fatma nous offre une plongée dans son enfance au sein d’une famille engagée pour l’égalité dans une société conservatrice, ainsi que ses rêves d’un avenir meilleur pour les femmes de son pays. Ecouter

#022 – Roshna KHALID

Portrait Roshna KHALID

Première publication le 04/10/2024 L’Afghane Roshna Khalid était une journaliste de télévision emblématique de la défense des droits humains en Afghanistan. Aujourd’hui exilée en Allemagne depuis août 2021 et la reprise de Kaboul par les talibans qui l’ont interdite d’antenne, elle nous raconte les défis qu’elle a rencontrés dans un pays miné par la corruption ainsi que la censure des autorités et l’hostilité du public conservateur. Roshna Khalid souligne également l’impact positif de son travail au sein de la société afghane et notamment auprès des jeunes femmes qui se sont senties inspirées par son exemple. Enfin, elle nous dit ses espoirs pour l’avenir de son pays. Ecouter

#021 – Nuray SIMSEK

Portrait Nuray SIMSEK

Première publication le 20/09/2024 La Turque Nuray Simsek est professeure de philosophie, syndicaliste et militante défenseuse des droits humains. Elle nous raconte son parcours profondément marqué par la tentative de coup d’État en Turquie en 2016, un événement qui a bouleversé sa vie en provoquant son licenciement brutal, comme de nombreux/ses autres intellectuel.les et activistes à l’époque. La militante nous plonge dans les réalités d’une Turquie en proie à la répression, où la liberté d’expression et les droits fondamentaux ont été bafoués, et où les voix dissidentes, comme la sienne, ont été réduites au silence. Elle nous partage les défis personnels et professionnels qu’elle a dû affronter, notamment en tant que femme. Pourtant, Nuray Simsek ne s’est pas laissée abattre. Au contraire, elle s’est relevée avec encore plus de détermination, en faisant de cette épreuve un point de départ pour intensifier son engagement dans la lutte pour la justice et l’équité. Ecouter

#020 – Tatsiana KHOMICH

Portrait Tatsiana KHOMICH

Première publication le 06/09/2024 La Biélorusse Tatsiana Khomich est représentante du conseil de coordination des prisonnier.e.s politiques et membre depuis 2020 de l’équipe de Victor Babariko, candidat d’opposition à l’élection présidentielle en tant que responsable des médias. En tant que porte parole de sa sœur Maria Kadesnikava, prisonnière politique,Tatsiana Khomich nous parle de la crise politique qui règne en Biélorussie et de son combat pour attirer l’attention sur la situation des prisonnier.e.s politiques et les violations des droits humains dans son pays. Exilée entre la Pologne, l’Allemagne et la France, l’activiste se bat pour revenir en Biélorussie. Ecouter

#019 – Yuvelis MORALES

Portrait Yuvelis MORALES

Première publication le 28/06/2024 La Colombienne Yuvelis Natalia Morales Blanco est étudiante en génie de l’environnement. Membre du comité AGUAWIL et de l’Alliance Colombia Libre du Fracking, elle nous parle de sa lutte contre l’extractivisme, qui détruit massivement les ressources naturelles d’un des pays qui offrent la plus grande biodiversité au monde. Yuvelis Morales, jeune écoféministe nous transmet avec autant d’enthousiasme que de poésie et de conviction son amour viscéral de la Colombie, de sa terre et de son fleuve, qui traverse tout le pays, la Magdalena. Ecouter

#018 – Rahel KELUS

Portrait Rahel KELUS

Première publication le 14/06/2024 L’Estonienne Rahel Kelus est étudiante à l’Institut Science Po, spécialisée dans les féminismes et l’environnement. Elle rêve de devenir diplomate. L’Estonie est un pays souvent considéré comme avancé en termes de droits des femmes. Malgré cela, Rahel Kelus nous dresse un tableau moins exemplaire : une sur-représentation masculine au Parlement, un nombre important de femmes victimes de violences conjugales, une « allergie » au mot « féminisme » qui en dit long sur les pressions qui pèsent toujours sur l’égalité. Ecouter

#017 – Dilek ELVEREN

Portrait Dilek ELVEREN

Première publication le 31/05/2024 La Turco-Belge Dilek Elveren est experte des droits des femmes sur la scène internationale avec un pied en France, l’autre en Turquie. Dilek Elveren a été chargée de s’assurer de la prise en compte du genre dans des missions de Médecins du Monde notamment à Haïti et en Algérie, et par la suite, responsable de la programmation en matière d’égalité pour l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Elle aborde des sujets essentiels tels que l’invisibilisation des femmes dans les médias, la coopération avec les associations locales, la grossophie, la dimension politique de la francophonie, toujours dans une perspective féministe. Ecouter

Violences, une affaire d’hommes ?

Une femme protégeant son visage en croisant les bras en geste de défense - image générée par IA

Sommaire Des chiffres et des faits 50 000 féminicides par an sur la planète, 736 millions de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles par leur conjoint ou un autre homme, le plus souvent un proche : coups, blessures, maltraitances, tentatives de viol, viols, meurtres… 58% des meurtres de femmes ont été commis par leur partenaire ou un membre de leur famille. En 2020, année où la pandémie du Covid 19 a favorisé une explosion des violences domestiques, 137 000 femmes ont été tuées (1). L’équivalent de villes comme Limoges, Amiens ou Clermont-Ferrand, qu’on aurait rayées de la carte en décimant la totalité de la population. La prévalence des violences masculines contre les femmes est avérée partout dans le monde, sous toutes les latitudes, dans toutes les régions, toutes les classes sociales, toutes les cultures, quel que soit le contexte géopolitique dans lequel elle s’opère. Il s’agit d’un problème global et systémique qui ne peut être résolu sans une remise en question radicale du modèle patriarcal de nos sociétés, et sans une action collective qui implique les Etats, les institutions, les organisations de la société civile et les individus. Vaste programme. Pourtant, la prolifération des guerres et des conflits aux quatre coins du globe, la généralisation des violences sexospécifiques subies par les femmes et les filles, en zone de conflits comme en temps de paix, appellent à prendre conscience de l’urgence. Car ce phénomène de discriminations d’un sexe par l’autre, de domination par la force et de subordination systémique d’une moitié de l’humanité, met en danger la société humaine tout entière. Des violences physiques « Le féminicide est, selon moi, l’exécution d’une femme parce qu’elle est une femme » explique l’historienne Christelle Taraud qui a dirigé Féminicides. Une histoire mondiale, l’ouvrage magistral pour lequel elle a réuni une équipe multidisciplinaire de plus de 130 expert.es et chercheur.es. Elle poursuit : « Le féminicide n’est jamais un acte spontané, il y a une très longue histoire de violence avant l’acmé de cette violence, qui est la destruction physique de la personne ». A ce jour, le féminicide, crime systémique et sexiste n’est pas encore reconnu comme tel dans le Code pénal français. L’éventail est large des violences physiques et sexuelles qui mènent au meurtre dans le continuum féminicidaire, cette « machine de guerre dirigée contre les femmes ». De la gifle au sur-meurtre (déchaînement de violences ante ou post mortem du meurtrier à l’égard de sa victime), on trouve de multiples déclinaisons. Observons en quelques unes. Les mutilations génitales féminines sont présentées comme « culturelles » ou « cultuelles », alors qu’aucune religion n’a jamais prescrit aucune mutilation sexuelle de cette sorte. Le mariage forcé et les grossesses précoces favorisent les violences masculines dans un rapport de domination mentale et physique, a fortiori le mariage de petites filles à des hommes adultes. La traite humaine en vue d’esclavage ou de prostitution concerne en grande majorité des femmes, lesquelles représentent 72% des victimes : elles sont les premières proies des trafiquants qui surveillent les routes de l’exil et de la migration où les femmes se jettent pour fuir la guerre, la pauvreté ou la désertification et le réchauffement climatique. Le viol de guerre est soit le fait d’individus s’appropriant le corps des femmes comme leur butin, soit le fait de chefs militaires ou de bandes armées qui décident de l’utiliser comme arme de guerre, pour humilier le peuple ennemi, engrosser les femmes, afin de le coloniser démographiquement, ou au contraire détruire leur appareil génital pour empêcher qu’il se reproduise et se perpétue. Le corps des femmes devient là encore le champ de bataille de guerriers, le champ des violences masculines. L‘impact de ces violences physiques est énorme. Les victimes sont davantage susceptibles de souffrir de problèmes de santé chroniques, de douleurs: troubles gastro-intestinaux, troubles du sommeil, troubles de stress post-traumatique, problèmes de santé sexuelle et reproductive, grossesses non désirées, avortements clandestins, complications pendant la grossesse, etc. Il existe tout un arsenal d’autres violences : psychologiques, économiques, institutionnelles. Il n’y a pas que les violences physiques. Au-delà des coups, des viols ou des meurtres, il existe tout un arsenal de violences moins visibles mais qui font des dégâts considérables à long terme sur la vie des femmes et des filles. Ce sont les violences psychologiques. Intimidations, manipulations, surveillance, menaces, humiliations, emprise, ou contrôle coercitif, minent durablement la santé émotionnelle et mentale et conduisent à la perte de confiance en soi, à la dépression, à l’isolement social, voire parfois au suicide. Ce sont les violences économiques. Selon la Banque mondiale 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne bénéficient pas des mêmes droits économiques que les hommes. Outre les inégalités salariales constantes à des degrés divers dans l’ensemble des pays, les femmes victimes de violences sont souvent contrôlées par leur conjoint dans leur gestion de l’argent, quand elles ne sont pas carrément privées de leurs ressources. Par ailleurs, on sait que les femmes les plus pauvres ont deux à trois fois plus de risques de subir des violences physiques de leur conjoint. Ce sont enfin les violences institutionnelles, les institutions n’étant pas décorrélées du système patriarcal qui les érige, et qu’elles nourrissent à leur tour. Deux milliards de femmes et de filles dans le monde n’ont ainsi accès à aucune forme de protection sociale, indique ONU Femmes. Elles font globalement face à une absence de protection et de justice dans les systèmes juridiques, médicaux et éducatifs. Elles représentent les deux tiers des personnes analphabètes et les filles ont un accès beaucoup moindre à la scolarité que les garçons. Elles forment la moitié de la main d’œuvre agricole tout en produisent 60 à 80% de l’alimentation dans les pays en développement, mais sont moins de 15% des propriétaires des terres agricoles, car elles ne bénéficient pas du même accès que les hommes aux ressources productives et aux prêts bancaires. Quant à l’accès aux autorités de police et de justice, les violences conjugales restent très souvent minimisées si elles ne sont pas totalement ignorées, car considérées du domaine privé, dans de nombreux Etats. Mieux vivre ensemble Y a … Lire la suite